[Texte court] - Jacques - G

PDF - Jacques

Cette année-là, à Pâques, le temps, assez clément pour une fois sur notre pays réputé comme pluvieux, nous offre des rayons de soleil réchauffant le cœur des enfants dont les vacances s’annoncent des plus plaisantes. Les enfants en profitent pour jouer au football, jouer dans cette plaine de jeux se situant derrière la maison où de leur fenêtre, les parents peuvent tenir l’œil sur chacun d’entre eux. Des cris de joie résonnent, les rires des enfants s’envolent jusqu’aux oreilles des adultes occupés à leurs tâches quotidiennes.

En janvier, tu as fêté tes 9 ans, tu es devenu un grand garçon, c’est ce que te disent les adultes et tu les crois. Tu es l’ainé des quatre enfants, tes parents désiraient s’arrêter à 3, tu as absolument voulu un petit frère, ils t’ont fait ce plaisir. Tu t’appelles Jacques comme ton papa parce qu’à la maternité tes deux parents ne sont pas arrivés à se mettre d’accord. Tu as 9 ans et avec une grande fierté, tu emmènes ton petit Denis, en le tenant bien par la main, il faut dire qu’il est assez turbulent. Comme c’est le petit dernier, ta maman lui passe tout.

Pour la fête des cloches, tes grands-parents, t’offrent un vélo de course rouge, c’est ton rêve quand tu seras grand, courir à vélo ou jouer au football. D’ailleurs tu fais partie d’un club et tous les samedis, toute la famille va t’encourager, tes parents t’ont promis que si tu réussissais à l’école, à la rentrée, tu pourras y aller avec ton vélo, l’école n’est pas très loin mais il faut être prudent car tu dois traverser un carrefour. L’école, ce n’est pas ton truc, tu détestes ça, rester assis toute une journée, ce n’est pas facile pour toi. Tes points ne sont pas mirobolants, alors tu jures de t’y mettre sérieusement.

Dans ton univers, qu’est ta chambre, on trouve ton jouet préféré : Goldorak, tu te plongerais bien dans la télé, tu connais le générique par cœur. Maman l’a toujours dans une caisse au grenier, elle n’arrive pas à s’en défaire. A Noël, tu l’as d’ailleurs reçu ton robot et tu l’adores. On trouve aussi ton château-fort et tes soldats de plomb, tu seras aussi peut-être soldat, mais à 9 ans on a toute la vie devant soi. C’est ton domaine de garçon. Tes deux sœurs qui ont 8 et 6 ans aimeraient d’ailleurs investir ton espace de temps en temps mais hors de question, c’est ta forteresse comme tu le dis si bien.
Nous sommes le 3 septembre, tu as aujourd’hui la permission d’aller à vélo tout seul comme un grand, au début ta maman n’a pas voulu, et papa a dit que tu n’étais plus un bébé….alors il a doit oui et tu es parti. Papa a voulu te faire plaisir parce que tu es parti en vacances avec mamy et papy à Rimini tout le mois d’aout, tu leur as beaucoup manqué. Tu embrasses tes parents, tu dis à tes sœurs que tu les revois à l’école.

Ce matin, je suis allée te voir, je t’ai déposé un bouquet de fleurs …..je me demande toujours si tu serais devenus cycliste, footballeur ou soldat, mais on ne le saura jamais.

L’autre jour, Frédéric, ton meilleur ami, celui qui jouait dans le même club que toi a posté les photos de football. On vous voit grandir ensemble toujours côte à côte ….j’arrive enfin à la photo où Frédéric se retrouve seul. tu n'es plus là...

C’est ton équipe de foot qui a porté ton petit cercueil blanc, ils avaient même mis leur tenue pour te dire au revoir.

Tu es parti ce matin-là avec ton plus beau sourire et ton vélo rouge, tu n’es jamais revenu.

Une conductrice ne t’a pas vu, tu as essayé de freiner mais tu n’as pas eu le temps. Tu t’es éteins dans les bras de papa ….
.
Le temps ne t’efface pas de nos mémoire, tu es toujours là, à chaque réunion de famille. Ta chambre est restée longtemps présente, maman a tout gardé dans des caisses au grenier, tout comme ton vélo rouge plié en deux dont elle n’a jamais réussi à se défaire.

Nous avons tous les trois grandi avec ton souvenir, ton image .

Un grand frère ça ne s’oublie pas …..

si tu veux nous saper le moral en ce début de week-end c'est réussi.

Néanmoins, c'est vraiment très bien écrit!

Yseult a écrit:

si tu veux nous saper le moral en ce début de week-end c'est réussi.

Néanmoins, c'est vraiment très bien écrit!

pense à ton BRU BRU ca ira mieux


merci

christelle72 a écrit:

Yseult a écrit:

si tu veux nous saper le moral en ce début de week-end c'est réussi.

Néanmoins, c'est vraiment très bien écrit!

pense à ton BRU BRU ca ira mieux


merci

ouiiiiiiiiiiiiii mon Brubru!!! Vivement dimanche!

Magnifique texte Christelle !!!

Tellement triste et tellement beau

Merci d'avoir partager cette absence

Mode modo : Est-ce que ton histoire est finie pour mes récaps ??

Je verrais avec une modo générale mais je pense que ton texte peux rester devant l'horizon, tu abordes la mort de ton grand frère avec beaucoup de pudeur et de tact

Louzanes a écrit:

Mode modo : Est-ce que ton histoire est finie pour mes récaps ??

Je verrais avec une modo générale mais je pense que ton texte peux rester devant l'horizon, tu abordes la mort de ton grand frère avec beaucoup de pudeur et de tact

merci , ca me touche....
oui c'est terminé

Tu as réussi à écrire à traité avec délicatesse une situation destructrice pour une famille

Sublime texte Christelle, qui me bouleverse et me retourne les tripes... Je pleure devant mon écran... Une situation dramatique, terriblement éprouvante pour une famille et tellement injuste... Il n'y a pas pire douleur que la perte d'un enfant. Le bonheur et la fierté d'un grand garçon si vite détruits par un dramatique accident...

Merci d'avoir partagé ce moment si intense de ton passé, Christelle. Grâce à tes mots remplis d'amour et de pudeur et à ta plume magnifique le souvenir de Jacques ne s'effacera jamais...

catouchka a écrit:

Sublime texte Christelle, qui me bouleverse et me retourne les tripes... Je pleure devant mon écran... Une situation dramatique, terriblement éprouvante pour une famille et tellement injuste... Il n'y a pas pire douleur que la perte d'un enfant. Le bonheur et la fierté d'un grand garçon si vite détruits par un dramatique accident...

Merci d'avoir partagé ce moment si intense de ton passé, Christelle. Grâce à tes mots remplis d'amour et de pudeur et à ta plume magnifique le souvenir de Jacques ne s'effacera jamais...

simplement merci

Un texte magnifique Christelle, pour rendre hommage à un grand frère dont je suis sûre qu'il est toujours à vos côtés et fier de ce que sont devenus ses petits soeurs et frères.
Tant que vous vous souviendrez de lui il sera toujours là et par ton texte on le voit vivre, nous qui ne le connaitrons jamais.

Mode modo: aucun souci pour "devant l'horizon". Le texte est triste certes mais ne contient rien qui nécessite un classement "au-delà de l'horizon". La mort fait aussi partie de la vie, même si celle d'un enfant est particulièrement injuste et il n'y a rien de choquant à cela.

Cissy a écrit:

Un texte magnifique Christelle, pour rendre hommage à un grand frère dont je suis sûre qu'il est toujours à vos côtés et fier de ce que sont devenus ses petits soeurs et frères.
Tant que vous vous souviendrez de lui il sera toujours là et par ton texte on le voit vivre, nous qui ne le connaitrons jamais.

Mode modo: aucun souci pour "devant l'horizon". Le texte est triste certes mais ne contient rien qui nécessite un classement "au-delà de l'horizon". La mort fait aussi partie de la vie, même si celle d'un enfant est particulièrement injuste et il n'y a rien de choquant à cela.

merci , ca me touche

magnifique texte !

... Et bien...

J'ai en premier lieu, réagi en tant que mère. C'est une angoisse permanente que la peur de perdre son enfant. Elle vous habite à tout instant...
Alors forcément, je ne pouvais qu'être bouleversée.

Et puis, je me suis dit que ça sentait le vécu et ça m'a serré un peu plus le cœur...

Ton texte est très touchant Christelle et pas seulement à cause du thème ou de ton histoire personnelle. Tu as su trouver les mots, un rythme, des espaces qui se mêlent... celui de l'enfance guidée par ce vélo rouge et Goldorak (c'est ma génération ça), celui des parents, celui du petit frère et des petites sœurs... et celui de ce temps que l'on a envie de retenir, de prendre à bras le corps et de jeter au loin car bien sûr on a compris qu'à la fin, il y aurait un drame.

Je pleure sur cet enfant, sur ce fils, sur ce grand frère, sur ce copain, cet ami...

Les mots s'inscrivent dans la durée, ils rendent sa longévité à ce que l'on a perdu et nous permettent de nous l'accaparer de nouveau. Ils nous donnent la possibilité de redonner la vie...
Et tu le fais avec brio. Le souvenir de Jacques s'est étendu à de nombreuses personnes et dans ma tête, il est un enfant heureux qui joue dans sa chambre pleine de jouets et qui pousse des cris qui ressemblent à "Goldorak GO !"...

MERCI de ce partage pudique et sensible.

merci infiniment

hier , c'était son anniversaire ....il aurait eu 41 ans....

on dit que le temps efface bien des chagrins mais ce n'est pas le cas...j'aborde le chagrin différemment avec toute la maturité que j'ai acquis au fil du temps mais il ma manque terriblement....

j'y pense souvent , presque tous les jours

mes parents , surtout maman ne s'en est jamais remis et ca a détruit toute mon enfance....elle revit depuis que ma sœur lui a donné son premier petit-fils qui ressemble énormément à Jacques....

christelle72 a écrit:

merci infiniment

hier , c'était son anniversaire ....il aurait eu 41 ans....

on dit que le temps efface bien des chagrins mais ce n'est pas le cas...j'aborde le chagrin différemment avec toute la maturité que j'ai acquis au fil du temps mais il ma manque terriblement....

j'y pense souvent , presque tous les jours

mes parents , surtout maman ne s'en est jamais remis et ca a détruit toute mon enfance....elle revit depuis que ma sœur lui a donné son premier petit-fils qui ressemble énormément à Jacques....

Oui, je ne crois pas que l'on se remette vraiment. Un tel drame nous change, inévitablement.
On vit avec selon ses croyances, ses convictions... Mais l'absence reste l'absence.

J'espère que ta maman trouvera dans ce premier petit-fils de la joie et de l'espoir.
Et j'espère que tu réussiras à faire de Jacques un doux compagnon de vie et que son effleurement deviendra plus présent que son absence, sa douceur plus prégnante que le chagrin.

natalou a écrit:

christelle72 a écrit:

merci infiniment

hier , c'était son anniversaire ....il aurait eu 41 ans....

on dit que le temps efface bien des chagrins mais ce n'est pas le cas...j'aborde le chagrin différemment avec toute la maturité que j'ai acquis au fil du temps mais il ma manque terriblement....

j'y pense souvent , presque tous les jours

mes parents , surtout maman ne s'en est jamais remis et ca a détruit toute mon enfance....elle revit depuis que ma sœur lui a donné son premier petit-fils qui ressemble énormément à Jacques....

Oui, je ne crois pas que l'on se remette vraiment. Un tel drame nous change, inévitablement.
On vit avec selon ses croyances, ses convictions... Mais l'absence reste l'absence.

J'espère que ta maman trouvera dans ce premier petit-fils de la joie et de l'espoir.
Et j'espère que tu réussiras à faire de Jacques un doux compagnon de vie et que son effleurement deviendra plus présent que son absence, sa douceur plus prégnante que le chagrin.

je ne suis pas prête , pas encore
peut être un jour....

tes paroles me touchent.....énormement

christelle72 a écrit:

je ne suis pas prête , pas encore
peut être un jour....

Oui un jour, j'en suis sûre.
Lorsque le temps aura fait son œuvre et que tu auras acquis la conviction qu'il est une étoile dans le ciel, comme ta grand-mère, et que là où il est, il est heureux.

(Tout ce que je t'écris est bien sûr un avis personnel. C'est teinté de conviction mais ce ne sont que les miennes).